Comment bien conserver ses cigares : le guide de référence
Comment bien conserver ses cigares : le guide de référence

Conserver des cigares dans de bonnes conditions n’est pas une simple formalité : c’est une science à part entière, ancrée dans le respect du produit, de son vieillissement et de sa structure organique. À la différence de nombreuses formes de tabac, le cigare est un produit noble, non traité, conçu pour évoluer dans le temps. Il est sensible à l’environnement, à la température, à l’humidité ambiante, mais aussi aux manipulations et aux contenants. Un mauvais stockage peut rapidement altérer l’arôme, dessécher la cape, déséquilibrer la combustion, voire rendre le cigare impropre à la dégustation.

Dans cet article, nous allons aborder en profondeur tous les aspects essentiels à une bonne conservation des cigares : hygrométrie, température, types de caves, erreurs fréquentes, et techniques de long terme.

 

Pourquoi la conservation est-elle cruciale pour un cigare ?

Contrairement à une cigarette industrielle, le cigare est un produit vivant. Il est fabriqué à partir de feuilles entières, fermentées, roulées à la main ou à la machine selon les origines. Ces feuilles, même après leur roulage, continuent d’évoluer dans le temps, ce qui confère aux cigares leur richesse aromatique. Mais cette évolution ne peut se faire que dans des conditions strictes.

L’absence de conservation adaptée provoque deux phénomènes opposés mais tout aussi néfastes : le dessèchement ou la saturation en humidité. Un cigare trop sec perd ses huiles essentielles, ce qui appauvrit considérablement sa palette aromatique et le rend cassant, désagréable à fumer. À l’inverse, un excès d’humidité peut entraîner la prolifération de moisissures, une combustion irrégulière ou encore l’apparition de parasites tels que le vers du tabac (Lasioderma serricorne), un véritable fléau pour les collections.

Ainsi, conserver ses cigares, c’est préserver leur qualité intrinsèque, leur complexité aromatique, mais aussi leur potentiel de vieillissement. C’est également un impératif si l’on souhaite les stocker plusieurs mois, voire plusieurs années.

 

L’humidité relative : le pilier de la conservation

L’humidité est le facteur le plus déterminant dans la conservation des cigares. L’hygrométrie idéale se situe entre 65 % et 72 % d’humidité relative. En dessous de ce seuil, le cigare se dessèche, perd sa souplesse et devient fragile. Au-dessus, il devient spongieux, difficile à allumer, et sa combustion s’en trouve compromise.

La régulation de l’humidité doit être constante. Les variations brutales, même temporaires, sont particulièrement nocives. Elles provoquent des microfissures sur la cape et peuvent déstabiliser la structure interne du cigare. Pour éviter cela, il est indispensable de mesurer régulièrement l’humidité à l’aide d’un hygromètre, de préférence digital pour plus de précision. Il est conseillé de vérifier ses réglages au moins une fois par semaine.

Depuis quelques années, l’utilisation des sachets de régulation d’humidité, comme ceux de la marque Boveda, s’est démocratisée. Ces sachets contiennent une solution saline capable d’absorber ou de libérer de l’humidité pour maintenir un taux stable. Ils sont proposés avec différents niveaux d’humidité (65 %, 69 %, 72 %, etc.) et ne nécessitent aucun entretien. Leur durée de vie varie généralement entre deux et quatre mois selon le volume de cigares stockés et l’étanchéité de la cave.

 

La température : une variable à ne pas négliger

Bien que souvent reléguée au second plan, la température est un paramètre fondamental. Elle influence directement la capacité de l’air à retenir l’humidité, et joue donc un rôle essentiel dans le maintien d’un environnement stable. La température idéale pour conserver les cigares se situe entre 18 et 21 °C.

Au-delà de 23 °C, le risque de prolifération d’insectes augmente significativement. L’un des plus redoutés est le ver du tabac, qui peut pondre ses œufs dans le cigare et le rendre totalement inutilisable. Le froid excessif est également déconseillé : il ralentit l’évolution naturelle du cigare, fige les huiles essentielles, et peut, en cas de variation brutale, provoquer de la condensation à l’intérieur de la cave.

Dans les régions où la température ambiante fluctue fortement, il est préférable d’opter pour une cave à cigare électronique, ou de stocker les cigares dans une pièce bien isolée, à l’abri de toute source de chaleur directe ou de lumière naturelle.

 

Les différents moyens de stockage


La cave à cigares en bois

La solution la plus traditionnelle et la plus élégante reste la cave à cigares en bois, généralement doublée de cèdre espagnol. Ce bois noble est réputé pour sa capacité à réguler naturellement l’humidité, tout en repoussant certains insectes nuisibles. Il confère également au cigare des arômes subtils qui peuvent enrichir son vieillissement.

Il existe des caves de toutes tailles, allant de quelques dizaines à plusieurs centaines de cigares. Pour être pleinement efficace, la cave doit être calibrée à l’achat. Cela consiste à humidifier les parois intérieures (avec un chiffon propre légèrement imbibé d’eau distillée) et à placer un bol d’eau pendant 48 à 72 heures. Ce processus permet au bois d’atteindre une hygrométrie stable avant d’introduire les cigares.

 

Les caves électroniques

Plus onéreuses, les caves électroniques assurent un contrôle automatique de l’hygrométrie et de la température. Elles sont particulièrement recommandées pour les collections importantes ou pour les régions soumises à de fortes variations climatiques. Ces appareils fonctionnent sur le même principe qu’une cave à vin et peuvent accueillir de 100 à 1000 cigares.

Elles sont également hermétiques à la lumière, parfaitement isolées, et souvent dotées d’hygromètres intégrés très précis. Leur coût reste un investissement, mais leur efficacité est largement reconnue.


Les sachets hermétiques ou les boîtes tupperware

Pour les budgets plus modestes ou les débutants, il est tout à fait possible de conserver quelques cigares dans une boîte hermétique type Tupperware, associée à un sachet Boveda et un petit hygromètre. Cette méthode offre de bons résultats à condition que la boîte soit parfaitement étanche. Toutefois, elle n’est pas idéale pour une conservation longue durée.

 

Faut-il conserver ses cigares avec ou sans cellophane ?

La question du cellophane fait débat parmi les amateurs. Le cellophane est un film plastique transparent dans lequel certains fabricants conditionnent leurs cigares pour les protéger. Son principal avantage est de limiter les chocs, les variations d’humidité rapide, et d’éviter les transferts d’odeurs entre cigares différents stockés ensemble.

Cependant, le cellophane limite aussi légèrement la respiration du cigare. Si vous souhaitez faire vieillir vos cigares pendant plusieurs mois ou années, il est recommandé de retirer le cellophane afin que le cigare respire mieux et évolue plus naturellement. Dans tous les cas, l’essentiel est d’éviter les mélanges d’origines et de terroirs dans une même cave, au risque de perturber les arômes par contamination olfactive.

 

Quelle est la durée maximale de conservation ?

Un cigare bien conservé peut se bonifier avec le temps, comme un bon vin. Certains collectionneurs laissent vieillir leurs cigares pendant 5, 10 ou même 15 ans. Toutefois, cela ne signifie pas que tous les cigares doivent nécessairement vieillir. Certains se dégustent parfaitement quelques mois après leur fabrication.

Il est important de noter que le vieillissement d’un cigare ne l’améliore que s’il est stocké dans des conditions parfaitement contrôlées. Le moindre écart peut non seulement interrompre ce processus, mais aussi ruiner des années de patience.

 

Conclusion

Conserver ses cigares dans de bonnes conditions est à la fois un art et une discipline. En effet, le respect des règles fondamentales d’hygrométrie, de température et de stockage est indispensable pour garantir la qualité, la complexité aromatique et la longévité des cigares.

Les investissements nécessaires (qu’il s’agisse d’une cave traditionnelle, de sachets de régulation ou d’un humidor électronique) sont largement compensés par la qualité de l’expérience qu’offre un cigare bien conservé. Dans un monde où l’instantané prime souvent sur la patience, la conservation des cigares demeure une pratique exigeante, mais ô combien gratifiante.

 

Sources

  • International Premium Cigar & Pipe Retailers (IPCPR) – Guide to Cigar Humidity and Storage

  • Cigar Aficionado – The Essentials of Humidification

  • Boveda Inc. – Scientific Analysis of Two-Way Humidity Control

  • Habanos S.A. – Guide to Storage Conditions of Cuban Cigars

  • Fondation des amateurs de cigares – Recommandations officielles sur la conservation

 

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